C’est dans une petite cabane non loin de Plouharnel dans le Morbihan (56) que nous rencontrons Pekce de son surnom, à prononcer « PEKS », 30 ans, un passionné de longboard et shaper amateur de dérives (fins).
Rangement des outils impeccable, peu de poussière sur le sol, Radio Nova en fond musical, pas de doute, Pekce prend soin de ses oreilles et de ses instruments créatifs. On reconnait ce côté un peu maniaque dans les détails de ses magnifiques dérives. Il est en train de shaper une nouvelle dérive, un beau single bi-color. Travaillant dans le secteur du bâtiment la semaine, il shape le week-end, quand il n’y a pas de surf, une passion dévorante qui a commencé il y a déjà quelques années, en 2014 pour les premiers coups de ponceuse. A la base, rien ne le destinait à shaper des dérives. Ancien pratiquant de skateboard, devenu surfeur sur le tard, il y a 7 ans, il a passé une partie de sa vie à Rennes avant de venir vivre dans les alentours de Plouharnel, non loin des spots qu’il vient surfer (Sainte-Barbe et la Guérite).
J’ai commencé le surf en avril 2011, initié par le frère de ma chérie qui faisait déjà du surf. Il m’a fait essayer, au bout de 30 minutes, j’ai réussi à me mettre debout, bingo : c’est bon comme sensation…
Sa première planche (une 8’3 superfrog de Gérard Dabadie de 1987), rachetée à un ami à lui qui la laissait trainer dans son jardin, sera décisive dans son parcours de shaper. En effet, lors d’une session sur la côte nord à Longchamps, sa planche se casse en deux. Il découvre alors le travail avec la résine pour réparer sa planche. De fil en aiguille, il commence à s’intéresser aux ailerons. Il trouve l’objet d’abord joli, digne d’une belle décoration. Il décide de fabriquer ses propres ailerons pour les exposer chez lui. C’est en réfléchissant sur la technique de fabrication des ailerons, que son objectif change : au-delà d’une simple déco, il doit pouvoir les surfer. Pekce se renseigne alors intensément sur les techniques de fabrications pour ses premiers ailerons.
Sa première dérive
J’ai commencé par faire deux dérives sur la même plaque. Je faisais la strate à côté de la chambre dans notre location. Ma chérie était ravie le soir, ça sentait la résine dans toute la maison. Les deux dérives étaient de couleurs différentes, c’était une galère pas possible à strater en même temps, l’une avait un motif foulard léopard, l’autre avec un vieux pigment vert que j’avais trouvé, c’était pas très joli, et il y avait beaucoup de bulles à l’intérieur, pas très réussi pour une première plaque.
Depuis il a beaucoup amélioré sa technique grâce à de nombreuses recherches (merci Shaperoom), les conseils avisés de shapers, notamment Freddy d’Alambic Surfboard, et beaucoup d’heures passées à traquer les techniques des shapeurs d’ailerons en « surfant » sur le web.
Pour le reste, le shape d’une dérive passe par plusieurs grandes étapes :
La première grande étape, faire une plaque d’une quarantaine de couches de résines
La première difficulté est de bien strater sans que la résine prenne trop vite. Faire en sorte qu’il n’y ait pas de bulles. Avoir une plaque la plus plate possible.
Au niveau du shape de la dérive, il faut shaper le foil, c’est à dire un bord d’attaque qui puisse fendre l’eau, plus gros que le bord de fuite, plus fin
La difficulté est dans le fait d’avoir chaque face identique. L’objectif est que l’eau vienne au contact avec le bord d’attaque avant, suive le long de la dérive et redescende derrière avec le même filet. C’est le même principe qu’une aile d’avion.
Passionné de longboard, Pekce préfère shaper de belles dérives pour des singles, surtout des projets uniques en template, taille, couleur. Influencé par des « FINS SHAPERS » du monde entier : Rainbow fin co, L.A. fins, Islands fin designs, True Ames, Almaquilhas, Cooper Fish, Neyra Fins…il continue de progresser dérives après dérives. Curieux il s’intéresse à tout. Notamment les S-Wings de Xabi Laffite qu’il découvre plus en détails lors d’un démo day de la marque à Sainte Barbe. Passionné également de design graphique et ancien graffeur, Pekce n’oublie pas d’ennoblir ses dérives de sa signature qu’il sérigraphie sur chaque fins une fois shapée. D’ailleurs, l’avantage d’une dérive faite à la main par rapport à une dérive fraisée en usine, c’est pour Pekce le moyen de : « sublimer une belle planche, une dérive unique pour une board unique ». De nombreux shapers de surf font par eux-mêmes certaines de leurs dérives. Il a pu échanger avec certains d’entre eux comme EXPLORER SURFBOARD, PANTHER SURBOARDS…
Où trouver les dérives de Pekce ?
Vous pourrez retrouver quelques dérives de Pekce à travers une collaboration avec la marque Roz Surfboard, ou encore chez Fab’s Lab à Plomeur dans le 56. Vous le croiserez sûrement à l’eau lors d’une session, l’occasion de discuter d’un futur projet avec lui.
Vous pouvez suivre le travail de Pekce sur son instagram : Pekce_surfboard_fins.